« Comme l'animal qui a la prescience de sa mort prochaine, j'ai senti, tandis que je traversais les nuages de fumée noire, épaisse et grasse, une piqûre douloureuse, cruelle. Un truc qui vous tétanise quelques secondes. »
Paris, 1966. Inspecteur à la Crim', Philippe Marlin erre dans un semblant de quotidien aux Batignolles, entre son chat, le jazz, le whisky et les fantômes qui hantent ses nuits charbonneuses. Nuits qui virent au blanc lorsque le cadavre mutilé d'une femme est découvert sur la Petite Ceinture. Son enquête va l'aspirer dans un monde où la respectabilité n'est qu'apparence, et où le Service d'Action Civique – la police parallèle du général de Gaulle – tire les ficelles. Dans ce théâtre d'ombres peuplé de marionnettes, ses convictions républicaines seront ébranlées.

Mon commentaire :

J’ai beaucoup aimé Avant l’aube de Xavier Boissel. Ce roman m’a plongé dans un Paris sombre et brumeux des années 60, magnifiquement reconstitué. L’atmosphère est à la fois mélancolique et captivante, presque cinématographique. Philippe Marlin, le héros, m’a touché par sa solitude et ses blessures du passé : c’est un personnage profondément humain, ni parfait ni héroïque. L’enquête, bien que lente, m’a semblé avant tout un prétexte pour explorer les zones grises de la mémoire et de la morale. J’ai aussi apprécié la dimension politique, avec la critique implicite d’un pouvoir corrompu. Ce n’est pas un roman d’action, mais un polar existentiel, empreint de nostalgie. Une lecture qui reste longtemps en tête après la dernière page.