Réveil brutal après une nuit transcendée par un milliard d’images lui remontant vers les fils de sa mémoire mise à mal. Retour vers le Sud, cette terre de feu. Ce foyer incandescent vous cramant les sens exacerbés. Plus de dix ans déjà depuis sa précédente visite. Vingt ans et quelques, l’âge de la déraison. D’une certaine inconscience qui se sauve aussi. Surtout la sienne, la fille damnée de l’adolescence trop vite parvenue à terme. Rentrée par la plus terrifiante des portes dans celui collatéral de l’adulte. La fille bourgeoise rattrapée par sa propre torpeur. Massacrée. Puis la renaissance. La rédemption. Le retour vers une disgrâce acceptable. Une souffrance sous cutanée mais liquéfiée dans une sorte de dégoût puissamment ravalé. Vingt ans et quelques, âge de la survie, apprendre à se faire confiance. A regarder les autres, les mecs, sans avoir envie de les défoncer. S’accepter une fois encore. Apprendre, du moins essayer. Mille souffrances se sont invitées par une force terrifiante dans son corps bafoué. Les virer l’une après l’autre. Parfois en les fracassant contre un mur.

Mon commentaire :

Asphalte est un véritable ovni littéraire. À la croisée du roman noir, du thriller politique et du portrait sociologique, il dresse le tableau d’une ville jamais nommée mais que l’on devine aisément. On y plonge dans un univers de trafics, de corruption, de réseaux mafieux et de groupuscules d’extrême droite — un miroir sans concession des dérives du pouvoir et de la société.

Certaines scènes sont d’une violence brute, mais la plume est si immersive qu’on a l’impression d’être dans un film, caméra à l’épaule, au cœur de l’action.

Les deux protagonistes sont d’une justesse incroyable : elle, impulsive, indocile, entière ; lui, réfléchi, mesuré, d’une loyauté désarmante. Leur duo fonctionne à merveille, et derrière la noirceur du récit se cache une histoire d’amour bouleversante.

La quatrième de couverture est selon moi assez loin de la valeur de ce roman

Un roman intense, intelligent et viscéral. À lire de toute urgence.